Avez-vous déjà été fascinée par les silhouettes opulentes et les détails raffinés des robes que l'on voit dans les films ou les séries se déroulant au XIXe siècle ? La mode victorienne est sans doute l'une des périodes les plus emblématiques et les plus riches de l'histoire du costume. Elle évoque une époque de grands changements sociaux et technologiques qui se sont naturellement reflétés dans la manière de s'habiller.
Le règne de la Reine Victoria, de 1837 à 1901, a été une période incroyablement longue et dynamique pour la mode. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le style vestimentaire de cette ère n'est pas resté figé. Au contraire, il a connu des transformations radicales !
Dans cet article, nous allons explorer ensemble cette incroyable évolution de la mode victorienne. Nous découvrirons comment la silhouette féminine est passée des jupons superposés aux impressionnantes crinolines, puis aux élégantes tournures, avant d'adopter une ligne plus élancée à la fin du siècle. Préparez-vous à un voyage captivant à travers soixante ans de créativité et d'ingéniosité vestimentaire !
Les premières années Victoriennes et l'ère de la crinoline (1837-1860s)
Le début du règne de la Reine Victoria marque l'émergence d'une nouvelle esthétique dans la mode, profondément imprégnée de romantisme et de pudeur. Durant les premières décennies, la silhouette féminine connaît une transformation notable, culminant avec l'ère spectaculaire de la crinoline.
La silhouette des premières années (1837-1850)
Au tout début de la période victorienne, les années 1830 et 1840 sont caractérisées par une silhouette que l'on qualifie de romantique. Les tailles sont très fines, souvent accentuées par un corset victorien serré. Les épaules sont tombantes et arrondies, et les corsages sont ajustés, mettant en valeur le haut du corps.
Mais c'est la jupe qui commence à prendre de l'ampleur. D'abord en forme de cloche modeste, elle gagne progressivement en volume. Pour y parvenir, les femmes superposent de nombreuses couches de jupons souvent amidonnés ce qui rend la tenue lourde et peu pratique. La pudeur est une valeur clé de l'époque et les robes couvrent entièrement le corps, avec des cols hauts ou des fichus.
L'apogée de la crinoline (1850-1860)
C'est au milieu du XIXe siècle que la mode victorienne connaît l'une de ses transformations les plus emblématiques avec l'arrivée de la crinoline. Cette innovation a révolutionné la silhouette féminine en permettant d'atteindre un volume de jupe jusqu'alors inimaginable, sans la lourdeur des multiples jupons.
La crinoline est une structure rigide, initialement faite de crin de cheval tressé (d'où son nom) puis principalement d'acier. Elle prend la forme d'une cage portée sous la jupe qui lui confère une ampleur spectaculaire et régulière tout autour du corps. Il est important de comprendre l'ingéniosité de cette invention : elle allégeait beaucoup le poids de la robe, la rendant plus "flottante" et plus facile à porter malgré sa taille imposante.
Durant cette période (les années 1850 et le début des années 1860), les robes sont extrêmement larges, les épaules restent arrondies et les manches s'élargissent souvent en forme de pagode, ornées de volants ou de dentelle. L'impact de la crinoline sur la vie quotidienne était considérable : elle rendait difficiles les passages de portes, l'assise dans les transports en commun, et demandait une certaine coordination pour éviter les incidents. Mais pour les femmes de l'époque, elle était le summum de l'élégance et du raffinement.
La transition et l'avènement de la tournure (1870-1880)
Après l'ampleur exubérante de la crinoline, la mode victorienne prend un virage vers de nouvelles formes, moins envahissantes mais tout aussi structurées. La décennie 1870 marque l'abandon progressif de la crinoline au profit de la tournure, un accessoire qui va radicalement redéfinir la silhouette.
Le déclin de la crinoline et l'apparition de la tournure
Vers la fin des années 1860, la popularité de la crinoline commence à s'essouffler. Son encombrement et son coût mais aussi le désir d'une silhouette plus pratique et moins rigide poussent les créateurs à chercher des alternatives. C'est ainsi que la tournure, ou "bustle" en anglais, fait son apparition.
Contrairement à la crinoline qui répartissait le volume tout autour de la jupe, la tournure est une structure rembourrée ou une armature métallique qui se porte spécifiquement à l'arrière, sous la jupe, au niveau des hanches. Elle a pour but de projeter le tissu vers l'arrière, créant une ligne plus plate sur le devant et les côtés. Cela permettait une plus grande liberté de mouvement pour les jambes, tout en conservant une silhouette spectaculaire. Les robes de cette période sont souvent très ornées de drapés, de volants et de rubans, concentrés sur la partie arrière pour accentuer l'effet de la tournure.
La Période de la "Natural Form"
Après quelques années d'utilisation de la tournure, il y a eu une brève parenthèse où la mode a cherché une ligne plus fluide connue sous le nom de "Natural Form". Durant cette courte période, la tournure est quasiment abandonnée. Les robes sont extrêmement ajustées, de la taille jusqu'aux genoux, avant de s'évaser en une longue traîne. La silhouette est élancée, moulant le corps et mettant en valeur les courbes naturelles. C'est une période de grande élégance, mais aussi de contrainte pour les mouvements, puisque les robes sont très étroites au niveau des jambes.
Le retour de la tournure
Mais la tournure ne reste pas longtemps dans l'oubli. Elle fait un retour en force au milieu des années 1880 mais sous une forme souvent plus rigide et proéminente que sa première incarnation. Cette fois-ci, elle est conçue pour donner une forme presque en "plateau" à l'arrière, projetant encore plus le tissu. La silhouette devient alors très reconnaissable avec une poitrine et des hanches accentuées, une taille très marquée, et le volume arrière distinctif. C'est l'époque des silhouettes en "S" ou en "Sablier" avant l'heure, préparant le terrain pour les lignes des années suivantes.
Ces évolutions montrent bien que la mode victorienne était loin d'être statique. Elle s'adaptait, expérimentait et redessinait constamment la silhouette féminine pour refléter les idéaux esthétiques de l'époque.
La fin du siècle et l'élégance Édouardienne en germe (1890-1901)
Alors que le règne de la Reine Victoria tire à sa fin, la mode victorienne connaît une dernière transformation majeure, s'éloignant des volumes extravagants pour embrasser une élégance plus élancée, préparant ainsi le terrain pour la silhouette emblématique de l'ère Édouardienne.
L'abandon de la tournure et la silhouette en sablier
À l'aube des années 1890, la tournure disparaît progressivement de la silhouette féminine. Fini le volume proéminent à l'arrière ! Les robes adoptent une ligne plus allongée et fluide, souvent appelée la silhouette en sablier. Il est particulièrement notable que cette forme soit obtenue par une taille très cintrée grâce au corset contrastant avec des hanches et des épaules plus larges.
Le haut du corps gagne en importance visuelle. Les manches connaissent un regain de volume spectaculaire, donnant naissance aux fameuses manches gigot (aussi connues sous leur nom anglais "Leg of Mutton sleeves"). Ces manches, très bouffantes au niveau des épaules et se resserrant vers le poignet, créent une ligne horizontale imposante qui équilibre la silhouette. Les jupes sont évasées en forme de trompette ou de cloche, tombant plus naturellement vers le sol.
L'influence du sport et des activités nouvelles
La fin du XIXe siècle voit l'émergence de nouvelles activités sociales pour les femmes comme le cyclisme, le tennis ou la marche. Cela a un impact significatif sur la mode. Pour la première fois, des tenues plus pratiques et adaptées à ces loisirs apparaissent. Même si la silhouette reste formelle, vous verrez des jupes plus courtes pour le vélo, des blouses moins contraignantes, et des chapeaux plus fonctionnels. Il est essentiel de comprendre que cette adaptation marque un pas important vers des vêtements plus confortables et libérés, même si le corset reste une pièce maîtresse.
Cette période de transition, de 1890 à 1901, représente un pont fascinant entre l'opulence typiquement victorienne et la grâce légèrement plus souple et le fameux "S-bend" de la silhouette érigée par l'ère Édouardienne. C'est une période d'une élégance raffinée, où la femme victorienne moderne commence à affirmer son style avec une sophistication renouvelée.
Les éléments clés et influences transversales
Au-delà des changements de silhouette dictés par la crinoline et la tournure, la mode victorienne était aussi définie par un ensemble d'éléments clés et d'influences profondes. Pour bien comprendre cette période, il est essentiel d'explorer ce qui se portait sous les robes, les matières privilégiées et les accessoires indispensables, sans oublier les forces sociales qui modelaient ces tendances.
Les sous-vêtements fondamentaux
Les sous-vêtements jouaient un rôle absolument central dans la création de la silhouette victorienne. Ils n'étaient pas de simples compléments mais la véritable armature de la mode de l'époque.
- Le Corset Victorien : Pièce maîtresse par excellence, le corset victorien était porté par quasiment toutes les femmes. Son rôle était de cintrer la taille de manière drastique, de soutenir la poitrine et de lisser la silhouette, préparant le corps à épouser les formes imposées par la mode. Sa forme et sa rigidité ont évolué : des corsets plus courts au début à des modèles plus longs et plus structurés à la fin du siècle créant la fameuse courbure en "S" ou la silhouette en sablier. Il est essentiel de comprendre que le corset était perçu comme un soutien nécessaire, pas seulement comme un instrument de contrainte.
- Les Jupons et Structures : Sous la robe, des couches de jupons (parfois très nombreux et amidonnés) étaient portées pour donner du volume. Ces jupons ont ensuite été remplacés ou complétés par la crinoline métallique, puis par la tournure placée à l'arrière. Ces structures étaient indispensables pour créer l'ampleur et la forme désirées de la jupe.
Tissus, couleurs et motifs
Les choix de matières et les palettes de couleurs de la mode victorienne étaient étonnamment variés et ont évolué avec le temps, souvent influencés par les avancées technologiques. Les tissus naturels comme la laine (pour les tenues de jour et d'extérieur), le coton (pour les sous-vêtements et les robes plus simples), la soie (pour les tenues de soirée et les riches drapés) et le velours (pour son opulence) étaient très prisés. La dentelle était aussi largement utilisée pour les embellissements et les détails délicats.
Si le début de l'ère victorienne était dominé par des couleurs plus sombres et sobres (marron, gris, bleu marine, vert foncé), reflétant une certaine pudeur, l'introduction de nouveaux pigments synthétiques à partir des années 1860 a révolutionné la palette. Des couleurs plus vives et audacieuses comme le magenta, le violet ou des bleus intenses sont devenues accessibles et populaires, ajoutant une touche de gaieté aux garde-robes. Les motifs étaient très variés, allant des rayures discrètes aux carreaux (particulièrement pour les tenues de jour) et aux imprimés floraux délicats ou exubérants qui rappelaient la nature omniprésente dans l'art de l'époque.
Les accessoires indispensables
Les accessoires étaient cruciaux pour compléter une tenue victorienne, ajoutant des couches de raffinement et de personnalité.
- Chapeaux : Les femmes portaient des chapeaux adaptés à chaque occasion, des petits bonnets ornés pour le jour aux canotiers pour les activités de plein air et des chapeaux à larges bords richement décorés de plumes, fleurs ou rubans pour les sorties élégantes.
- Les gants étaient absolument essentiels et portés en permanence en public, symbolisant la bienséance et le raffinement.
- Ombrelles et Éventails : Les ombrelles protégeaient la peau du soleil (une peau pâle était un signe de distinction) tandis que les éventails étaient des accessoires de coquetterie et de communication subtile.
- Bijoux : Les bijoux victoriens étaient souvent ornés de camées, de perles, de pierres précieuses, et de motifs inspirés par la nature (fleurs, feuilles, animaux) ou par le symbolisme (serpents, cœurs). Les broches et les médaillons étaient très populaires.
- Chaussures : Les chaussures étaient majoritairement des bottines montantes, pratiques et élégantes, souvent à lacets ou boutonnées.
Les influences sociales et économiques
La mode victorienne était constamment façonnée par le contexte social et économique de l'époque. L'industrialisation lors de la Révolution Industrielle a eu un impact majeur. La production de masse des tissus, l'invention de nouvelles machines à coudre et la disponibilité de colorants synthétiques ont rendu les vêtements plus accessibles et plus variés.
Les valeurs de pudeur, de modestie et de rigidité morale de la Morale Victorienne se reflétaient dans les coupes couvrantes et les structures contraignantes. Il est important de noter que le vêtement était un signe de respectabilité. De plus, l'émergence des magazines de mode et des catalogues de vente par correspondance a permis de diffuser plus rapidement les tendances, même en dehors des cercles aristocratiques, démocratisant ainsi l'accès à la mode.
Foire Aux Questions sur l'évolution de la mode victorienne
Pourquoi les robes étaient-elles si volumineuses au début de l'ère victorienne ?
Au début du règne de Victoria, le grand volume des robes était surtout un signe de statut social et de richesse. Plus une femme pouvait porter de tissu et de couches, plus elle affichait sa prospérité. Ce volume était d'abord obtenu grâce à l'accumulation de nombreux jupons, mais cela rendait les robes très lourdes. C'est pourquoi la crinoline, une structure légère et rigide, est apparue pour donner cette ampleur caractéristique avec plus de confort et d'efficacité.
Qu'est-ce qu'une tournure et comment était-elle portée ?
La tournure, aussi appelée "bustle", est une armature portée à l'arrière, sous la jupe, au niveau des hanches ou des fesses. Contrairement à la crinoline qui donnait du volume tout autour, la tournure concentrait l'ampleur uniquement sur la partie arrière de la silhouette. Elle était conçue pour projeter le tissu de la jupe vers l'arrière, créant un effet spectaculaire de drapés et de cascades. Elle pouvait être rembourrée ou faite de ressorts métalliques.
Est-ce que toutes les femmes portaient un corset ?
En général, oui, le corset victorien était une pièce quasi universelle de la garde-robe féminine pour la majorité des classes sociales (sauf les plus pauvres qui n'en avaient pas les moyens). Son rôle principal était de soutenir la poitrine et de modeler la taille pour obtenir la silhouette à la mode, qu'elle soit en sablier ou en "S". Sa forme et sa rigidité ont d'ailleurs beaucoup évolué au fil des décennies.
Les couleurs des vêtements victoriens étaient-elles toujours sombres ?
Non, ce n'est pas tout à fait exact ! Si les premières années victoriennes ont privilégié des couleurs plus sobres et foncées, comme les marrons, les verts sombres ou les bleus profonds, la situation a beaucoup changé après les années 1860. L'arrivée de nouveaux pigments synthétiques a permis la création de teintes bien plus vives et audacieuses, comme le magenta, le violet éclatant ou des verts vifs. La fin du siècle a vu une explosion de couleurs dans la mode.
La mode masculine a-t-elle aussi beaucoup changé pendant cette période ?
La mode masculine victorienne a aussi évolué mais de manière moins spectaculaire et radicale que la mode féminine. Elle s'est orientée vers des costumes plus structurés et pratiques, avec l'apparition et la popularisation du costume trois-pièces (veste, gilet, pantalon). L'accent était mis sur la sobriété, le raffinement des coupes et la qualité des tissus, reflétant le sérieux et la respectabilité de l'homme victorien. Les chapeaux (hauts-de-forme, melon) et les accessoires (cravates, cannes) restaient essentiels.
L'héritage fascinant de la mode Victorienne
Nous venons de parcourir ensemble plus de soixante ans d'histoire de la mode, un voyage captivant à travers l'évolution de la mode victorienne. Vous avez découvert comment la silhouette féminine s'est transformée de manière spectaculaire, passant des amples crinolines des débuts aux volumes concentrés des tournures, avant d'adopter une ligne plus élancée et structurée à la fin du siècle. Chaque décennie a apporté son lot d'innovations, de défis et d'élégance unique.
Cette période, souvent perçue comme rigide, était en réalité très dynamique et pleine de créativité. Elle a posé les bases de bien des éléments de la mode contemporaine et continue d'inspirer les créateurs d'aujourd'hui. Son esthétique riche et ses détails minutieux en font une source intarissable de fascination.
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